Jules ITIER. Journal d’un voyage en Chine
Un photographe moderne en avance sur son époque.
Le voyage en Extrême-Orient du premier photographe de la Chine peu de temps après l’invention de la photographie.
ITIER (Jules).
Journal d’un voyage en Chine en 1843, 1844, 1845, 1846 par M. Jules Itier.
A Paris, Chez Dauvin Et Fontaine, Libraires-Éditeurs, 1848-1853.
3 tomes reliés en 3 volumes in-8° ; front. lithographié-371 pp.-(1)-1 carte couleur h.-t. [Carte géologique des environs de Cape-Town]-1 planche repliée h.-t. entre les pp. 364 et 365 [Résumé de l’Importation] ; front. lithographié-358 pp. avec erreur de pagination pour l’ensemble du cahier10 ainsi qu’à la p. 316 à [321] sans manque-(4)-1 planche repliée h.-t. [Airs Chinois] ; front. lithographié-391 pp.
Demi-veau vert, dos lisse très joliment orné, filets or, titre or, reliure uniforme de l’époque, un très bel exemplaire d'une grande fraîcheur.
Vendu
BIBLIOGRAPHIE
Édition originale.
– Borba de Moraes, t. I, p. 421. – Catalogue de la vente d’André Salles [ancien colonial], juin 1929, première vacation, n° 253. – Cordier, B. Sinica, t. III, 2117. – Lust, Western Books on China, 645. – Numa Broc, Dictionnaire Asie, p. 251. – Pot, Philippines, Bibliographie thématique en langue française, p. 125.
Manque à Medina (Filipinas), Robertson (Philippine Islands) et Ryckebusch (Bourbon).
Provenance prestigieuse :
-
Vignette gravée ex-libris de la Bibliothèque du CHÂTEAU DE DAMPIERRE, exemplaire ayant appartenu à Honoré d’Albert, 8e duc de LUYNES (1802-1867).
Itinéraire du voyage :
Brest, Ténériffe. Le Brésil, le Cape de Bonne-Espérance, l’île Bourbon, les Maldives, Malacca, Singapore, Manille. La Chine, Macao. La Chine. Canton et ses environs. Les Philippines. Mindanao. L’archipel Soulou. Les îles Basilan et Soulou. Java.
Banka. Riow. Singapore. La Cochinchine. Retour au Philippines. Retour en Chine, Macao, Hong-Kong. Singapore (commerce européen au Japon). Ceylan. Aden. La mer Rouge. Suez. L’Égypte.
Jules Itier, un photographe novateur en avance sur son époque
Singulier personnage que ce globe-trotter, dépêché par la France en qualité de receveur des Douanes et daguerréotypiste voyageur, Alphonse Eugène Jules Itier (1802-1877) fait partie des pionniers de la photographie. Attaché en 1843 à la mission diplomatique et commerciale de Théodore de Lagrené, ministre plénipotentiaire de France en Chine, il réalise le premier « reportage photographique » connu sur l'empire du Milieu (traité de Whampoa, traité commercial entre la France et la Chine pour l’ouverture de ports dans les régions de Canton et Macao). Accompagné par son secrétaire Charles Lavollée, il entreprend une expédition de quatre années en Extrême-Orient, et rédige un important Journal de voyage en Chine qui comprendra plus d’un millier de pages de notes précieuses, véritable travail d’ethnologue, ainsi que les premières photographies de la Chine connues à ce jour. Jules Itier reviendra métamorphosé de son voyage en Asie, à tel point que trois années plus tard il réalisera son autoportrait à Marseille, costumé en Mandarin.
Nota Bene : M.-C. Lavollée publia également la relation de son voyage en Chine (Voyage en Chine, Ténériffe, Rio Janeiro, le Cap… Paris, 1852, un volume in-8°).
Jules Itier fut à la fois diplomate et explorateur, véritable témoin du XIXe siècle chinois. Il rapporta une somme colossale d’observations d’histoire naturelle et d’ethnographie en faisant connaître de nombreux produits inédits (Sorgho, caoutchouc) mais aussi des techniques comme la fabrication de la porcelaine chinoise dont il confia nombre de procédés à la Manufacture de Sèvres ; mais il fut avant tout un photographe novateur en avance sur son époque par son écriture moderne qui offre une impression d’instantané dans ses photographies, composant avec soin les scènes de rues et les vues générales (il côtoie avec plaisir et intérêt les Chinois pour leur culture). Cette sensation d’instantané était alors impossible en 1844 avec le matériel daguerrien qui nécessitait un temps de pose très long (30’’ au minimum). Moderne et respectueux également dans ses portraits très libres, très humanistes, très spontanés et sa maîtrise totale du daguerréotype (temples en Égypte photographiés en contre-plongée), Jules Itier posa le premier regard photographique qu’un Occidental ait jamais porté sur la Chine.