Casimir Ostoja ZAGOURSKI.
LE PREMIER PHOTO-REPORTER « CŒUR NOIR » EN BROUSSE
L’EXEMPLAIRE RÉPERTORIÉ SUR LE MARCHÉ PUBLIC CONTENANT LE NOMBRE LE PLUS ÉLEVÉ DE CLICHÉS
ZAGOURSKI (Casimir Ostoja [1883-1944]). Photographe à Léopoldville, ancien Congo-Belge, de 1924 à 1941.
L’Afrique qui disparaît
- Collection Zagourski.
[ZAGOURSKI Éditeur], Léopoldville, Avenue de la Douane, s. d. [circa 1928-1930].
Une belle reliure d'époque (Zagourski, Léopoldville), un plein tissus rouge imprimé de motifs (fleurettes) en noir, sur un carton semi-rigide, couture en surjet au dos, UN BON ÉTAT GÉNÉRAL.
Un album contenant 99 feuillets en papier Canson noir mat avec serpentes (papier de soie), non légendés, dont 72 feuillets sur lesquels sont apposés (folio recto & folio verso) 550 photographies originales sur papier baryté. Écriture manuscrite du photographe, soigneusement calligraphiée à la peinture blanche, de la page de titre.
Un rare album photographique relié de format oblong constitué d’un ensemble de 550 tirages argentiques originaux imprimés par contact sur des cartons photographiques format carte postale, 13,3 x 8,7 cm, portant au dos les indications essentielles et ordonnées en deux séries (1re série et 2e série, plus quelques photographies originales variae.). Le folio verso des cartes se caractérise, le plus souvent, par deux compartiments adresse et correspondance.
Ce précieux corpus constitue une base iconographique documentaire exceptionnelle d'un vif intérêt. L’ensemble présente une qualité excellente des tirages sur papier photographique Agfa-Lupex ou Agfa-Brovira.
CET ALBUM CONTIENT LES DEUX SÉRIES PHOTOGRAPHIQUES « L'AFRIQUE QUI DISPARAÎT » AINSI QUE DE NOMBREUX INÉDITS.
Format bibliographique : 400 x 300 mm
Vendu
La majorité des photographies de cet album relié furent prises par Casimir Zagourski. Son écriture moderne offre une impression d’instantané dans les photographies, les scènes sont composées avec soin, les portraits sont libres, humanistes et spontanés.
Analyse du corpus
- 1 photographie format: 18,3 x 14 cm
- 545 photographies format: 13,3 x 8,7 cm
- 4 photographies format: 9 x 6 cm
- 487 photographies au nom de l’éditeur: « Photogr. C. Zagourski, Léopoldeville. Reproduction interdite ».
- 11 photographies au nom de l’éditeur: « Librairie Belge Elisabethville Costermansville-Jadotville ».
- 15 photographies au nom de l’éditeur: « Édition de luxe Lammeretz. Reproduction interdite ».
-
37 photographies sans nom d’éditeur que nous attribuons en grande majorité à Casamir Zagourski (l’œil du photographe, le papier, le format, le tirage).
UN MAGNIFIQUE RECUEIL DE DOCUMENTS ETHONOGRAPHIQUES COLLECTÉS DANS LE CENTRE AFRICAIN BELGE, révélant toute la force et la beauté du lexique visuel du premier photo-reporter en brousse.
Dans ses mises en page, le photographe Casimir Zagourski applique une méthodologie de classification:
- Différents types africains.
- Portraits d’enfants, de femmes et d’hommes.
- Coiffures africaines.
- Danses et danseurs.
- Chefs, enfants et femmes de chefs, ministres, notables.
- Scarifications ethniques.
- Maternités.
- Pratique de la déformation du crâne (crânes allongés des Mangbetu).
- Toilettes et parures.
- Orchestres et musiciens.
- Maquillages.
- Cérémonies, danse pour l’excision et fête de la circoncision.
- Marchés, art de la poterie, du fer, du tissu, artisanat.
- Guerriers, chasseurs Masaï.
- Forgerons.
- Pêcheries, la pêche en fleuve.
- Villages, cases.
- La faune, la flore.
- Médecine et maladies.
- Productions minières.
- Les volcans.
- Léopoldville: le port, le chantier naval, l’aérodrome de Ndolo, revue militaire, la force publique, les monuments.
Un nombre important de clichés possèdent au folio verso de précieuses informations concernant le sujet de la photographie ; une écriture manuscrite à la plume, en français, cursive lisible, serrée et inclinée à droite, à l’encre bleu-noir ou à la mine de plomb.
Les dates: 1943-1944-1945 et 1950 (cf. folio verso du cliché photographique: « La plage au requin janvier 1945 »), ainsi que les informations: noms, tribus, traditions locales, topographie historique, pays visités, productions diverses, la faune, la flore, etc., émanent de la main d’un colon ayant séjourné plusieurs années au Congo-Belge.
Tous les albums photographiques de Zagourski diffèrent légèrement, à la fois dans la reliure, dans la composition et dans le choix des clichés photographiques. Plusieurs clichés de notre album n’ont encore jamais été publiés.
Les photographies présentent de très intéressantes scènes de genre avec de nombreux personnages: enfants, femmes, familles, les Anciens. Le photographe a immortalisé différentes ethnies: Bateke, Bakuba, Bapende, Mangbetu, Masaï, Pygmées… On y remarque aussi de superbes vues de paysages: Eala, Chutes de Tehopo, Brazzaville, D’joué, le fleuve Bangui, au bord de l’océan, lac Kivu, paysage congolais… Les photographies nous offrent également différentes scènes pittoresques de la vie quotidienne et de petits métiers: Récolte des palmistes (cœurs de palmier, un mets précieux), vente de pommes de terre, vente de vin, broderies, marché de poteries, fabrication du raphia, forgerons… Cette archive place son auteur parmi les plus remarquables et influents photographes du premier quart du XXe siècle. Par son intérêt documentaire exceptionnel cet ensemble photographique constitue un témoignage unique d’une Afrique disparue.
Provenances :
- Un envoi manuscrit signé sur la page de titre fort éffacé et à peu près illisible puis réécrit (idem scriptor ?) au stylo à bille Bic Cristal encre de couleur bleu sur le contreplat :
« Les pensionnaires // du centre hospitalier de……… [illisible] // à leur médecin chef // en souvenir de ses bons soins // et de son dévouement. ABouce (?)
- Un cachet humide, encre rouge sur les deux contreplats: « Collection Africaine Delhougne René » (ancien libraire africaniste).
- Collection privée française.
[//]: La barre oblique indique le retour à la ligne.
BIBLIOGRAPHIE
- Malgorzata GRZESIEWICZ-SALACISKA, L’Afrique Perpétuée, Cartes Postales de Casimir Zagourski de la Collection de Witold Grzesiewicz, tome II, Varsovie, Gondwana, 1999.
- Pierre Loos, Ezio Bassani, ZAGOURSKI, L’Afrique disparue dans la collection de Pierre Loos, Paris, Skira/Seuil, 2001 (comporte quelques erreurs sur la biographie de Casimir Zagourski).
- L’exposition In and Out of Focus : Images from Central Africa, 1885-1960 (Washington, Smithsonian Institution, Africa Art Museum, décembre 2002 - mars 2003) a célébré l’œuvre de Casimir Zagourski.
« Zagourski a réalisé deux séries, « l’Afrique qui disparaît », qui comptent respectivement 200 et 217 photos. Mais il n’a pas tout publié, il existe des inédits dans chacune des séries. Au total, ce sont environ 800 ou 900 photos - des négatifs souples dont il a fait quelques tirages en grand format qui ont été montrés à l’Exposition coloniale [internationale] de Paris en 1937. Les plus beaux sont sur un extraordinaire papier Agfa-Gevaert velours. Je suppose qu’il a dû mettre une dizaine d’années pour faire ces deux séries. » (Interview Pierre Loos le 23 novembre 2001 in Parution.com)
Casimir Ostoja ZAGOURSKI (1883-1944), né en Pologne. En 1924, il fuit le régime soviétique et s’installe comme photographe à Léopoldville (ancien Congo-Belge), future Kinshasa, où il ouvre un studio de prise de vue ainsi qu’un laboratoire photographiques. Il est alors le représentant officiel de la firme Agfa.
Convaincu du fait que les traditions locales étaient appelées à disparaître rapidement et qu’il fallait donc d’urgence les fixer sur la plaque photographique, Zagourski parcourut avec son automobile: « Expédition Photographique C. Zagourski », durant une petite dizaine d’années (1927-1937), l’ancien Congo-Belge, les régions les plus reculées de cet immense pays, avec des expéditions vers l’ancien Congo-Brazzaville, le Tchad, le Cameroun, le Soudan du sud, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Kenya, le Ruanda-Urundi, la Tanzanie.
Un ensemble de photographies d’une qualité exceptionnelle, au grain et à la profondeur inégalée.
En 1924, Zagourski ouvre une boutique de produits de luxe et de photographies à Léopoldville, Avenue de la Douane, et commence la vente de ses clichés photographiques regroupés sous la forme de deux séries de cartes postales intitulées l’Afrique qui disparaît, ainsi que la commercialisation d’albums reliés, certains portant une légende écrite à l’encre blanche de sa propre main (c’est le cas pour la graphie de la page de titre de notre album).
Cet illustre précurseur immortalise, par le média photographie, l’Afrique Noire profonde, quasi intacte, protégée par un vaste territoire. Il fut le premier photographe professionnel à voyager au cœur du continent africain et le premier photo-reporter cœur noir en brousse.
Le travail de Casimir Zagourski visaient à recenser les paysages et la faune de l’Afrique centrale et orientale, ainsi que les mœurs et coutumes des populations confrontées aux changements rapides qu’imposaient la présence des Européens sur la terre d’Afrique. Rapidement, Casimir Zagourski commercialisa ses photographies à la pièce ou agencées dans des albums dont certains exemplaires sont conservés dans les collections publiques et privées à travers le monde.
Au printemps 1937, à Paris, lors de l’Exposition internationale des « Arts et Techniques appliqués à la Vie Moderne », dans les jardins du Trocadéro, « Sections Étrangères », la Belgique met en place un pavillon du Congo-Belge et présente une salle dédiée à l’admirable travail photographique de Casimir Zagourski. D’emblée l’artiste Africain bénéficie d’une reconnaissance internationale.