Le capitaine PATART. Un album photographique sur le Japon Impérial et militaire de l’ère Meiji.
Une mission française militaro-industrielle.
Avant-Propos
Je tiens, dès l’abord, à remercier tout particulièrement ma charmante épouse Naomi pour sa gracieuse collaboration. Les recherches historiques qu’elle a menées dans son beau pays natal, le Japon, ont préparé et facilité le travail que je traite ici et m’ont aidé à comprendre l’origine de cet album photographique. Je la remercie pour son concours, qui ajoute une véritable valeur à mes observations personnelles. Qu’elle trouve ici le témoignage de ma profonde reconnaissance.
PATART (Le capitaine d’artillerie Henri-Louis-Auguste, 1867-?). Grand-officier dans l’ordre national de la Légion d’honneur (18 avril 1921).
Une mission française militaro-industrielle dans l'« empire du Grand Japon » photographiée par le capitaine Henri Patart en 1897.
Codicologie
Un album japonais de photographies sur le Japon Impérial de l’ère Meiji composé de quarante photographies originales (date : 1897) contrecollées sur des cartons (vingt folio recto et vingt folio verso) et montées, à l’origine, sur onglets en leporello, constituant l’album ; il y a donc deux séries de pages. Cette collection homogène semble avoir été l’objet d’une sélection minutieuse des clichés et d'un ordre particulier voire précis de composition. Le développement et le tirage photographique ainsi que la création et le montage de l’album ont été réalisés au Japon. Les tirages photographiques sont d’une grande fraîcheur, elles présentent une excellente netteté, un beau glaçage, une bonne valeur (nuances de gris) et une forte densité (noir). Le corpus est conservé dans une boîte à chasses en pleine toile noire. Un bon état général.
L’album est complet des 40 épreuves photographiques de référence contrecollées sur 20 cartons rigides à grammage élevé de couleur blanc-ivoire. Notons l’absence d'information, de nom de Photographe-Éditeur, de cartouche, de tampons, de légende, de numérotation des photographies et de pièces jointes.
Format in-12° oblong.
Dimensions de l’album : L. 15 cm ; l. 12 cm ; H. 3 cm
Format des épreuves : L. 11,5 cm ; l. 8,5 cm et L. 8,5 cm ; l. 6 cm
Réservé
PROVENANCE : Le capitaine Henri PATART à Monsieur YAMADA Tadazumi, Consul du Japon à Lyon.
Cet album a été offert par le capitaine Henri Patart à Monsieur YAMADA Tadazumi, diplomate japonais natif de Nagasaki, nommé dans les années 1890 par l’empereur Meiji, Consul du Japon dans la capitale française de la soie, Lyon (où il fera la connaissance de sa future épouse d'origine lyonnaise Marguerite Varot), et chargé d’y développer les ventes de ce qui était alors le premier produit d’exportation du Japon, la soie grège de haute qualité.
Au verso du premier plat de l’album (infra), sur un papier vergé industriel, l'on peut lire une dédicace manuscrite à la plume, encre sépia, signée et datée : juin [18]98
« À Monsieur Yamada [/] en souvenir de ses bonnes leçons [/] de japonais [/] juin 98 [/] H. Patart »
Nota bene : L'analyse critique et le regroupement de documents d'archives similaires et autres ressources ont prouvé l'origine et ont mis en évidence la provenance et la datation du corpus, mais il s'agit, ici, plus d'observations critiques sur les caractéristiques essentielles du sujet que de conduire une étude scientifique documentaire approfondie, laquelle reste, au demeurant, à mener et à déposer.
[/] Indique le retour à la ligne.
Henri PATART
Cette archive de terrain, unique, a été composé par Henri PATART, capitaine de réserve du Corps de l'Artillerie, en poste au Japon pour un groupe industriel français dès 1896, en qualité de sous-directeur d’artillerie pour la firme française Schneider Frères & Cie fondée au Creusot (Saône & Loire) puis Schneider-Canet après la fusion des deux firmes privées réalisée le 23 janvier 1897, pour la production de matériel de guerre.
Le but de la mission de l'ingénieur Henri Patart au Japon était de vendre de l’artillerie moderne de campagne mobile à tir rapide, c'est-à-dire le fameux canon de 75 mm modèle 1897. Un canon précis, robuste, souple d'emploi et permettant la formation rapide des servants.
Les photographies de sa rare collection documentaire, ici, reproduisent ce qu’il a vu de ses propres yeux et porte un éclairage singulier sur ce que fut l'action française au Japon. Il ne s’agit pas, ici, d’un livret publicitaire, composé par un photographe de métier, vantant les mérites d'un produit innovant au pays du Soleil-Levant. Remarquons, également, qu’à cette époque, la prise de vue par les voyageurs reste une pratique minoritaire et hasardeuse. Se charger d’un équipement lourd et encombrant alors que le transport est rudimentaire et le cheminement à l’intérieur de la contrée malaisé reste une exception, y compris pour les Européens rompus à la pratique photographique.
Un ensemble d’épreuves photographiques sur papier aristotype unique et rarissime. Un précieux témoignage photographique sur l’unité d’artillerie à pied de l’armée de Terre japonaise, lors de grandes manœuvres ; essais balistiques, exercices militaires, séances de tirs d’essais, tests comparatifs de différents types de canon à tir rapide (affût pour pièce de tir de campagne, canon de montagne), ainsi que des tests de mobilité1 et de résistance pour le transport du matériel et de l’équipement attelés (à 6 chevaux, poids de 1650 à 1700 kg) aux voitures-caissons armoires inclinables (avant-train coffres à munitions) dans des environnements réputés difficiles (le redoutable chemin empierré pluricentenaire de communication intérieure entre la ville de Mishima et la ville d'Hakone2), en vue d’acquérir de nouvelles pièces d’artilleries occidentales afin d’équiper l’armée japonaise dans sa modernisation intense. Des vues d’extérieurs, de sites ainsi que des paysages comme les rives du lac Ashi, complètent et enrichissent cet ensemble iconographique.
1 La mobilité dépend du poids de chaque voiture chargée et du nombre de chevaux attelés à chaque voiture. Les tests se sont déroulés du 19 au 24 octobre 1897 dans la région d'Hakone (infra Seconde série).
2 Un segment de route pédestre (voie dallée) réputé pour être l’un des plus difficiles de la longue voie de Tōkaïdō qui relie la ville de Tōkyō à la ville de Kyōtō. En effet, malgré les progrès réalisés après 1870 dans la fabrication d'un acier spécial à canons (trempé et recuit), leur poids forcément élevé ne permettait pas de donner aux matériels de campagne une mobilité suffisante.
Présentation & zone de contexte
Ce corpus photographique s'inscrit dans le contexte de l’après-guerre sino-japonaise (Nis-Shin sensō 1894-1895) et dans un cadre particulier de coopération stratégique et de transferts cruciaux de méthode moderne et technologie militaire de la France au Japon (1868-1930). L’action française dans ce domaine fut majeure et le Japon adopta très vite le modèle français réputé le meilleur. De 1867 à 1919, diverses missions militaires françaises organisent, bâtissent et ordonnent.
Dans le dernier tiers du XIXe siècle, les grandes puissances militaires européennes sont en concurrence pour le développement d’un canon à tir rapide d’une grande portée et d’un puissant effet de feu. À cette même époque, le Japon, en pleine révolution industrielle, poursuit sa politique de développement économique et militariste et entre dès lors dans une phase d'expansion accélérée qui se traduit rapidement par l'enrichissement du pays et le renforcement significatif de ses moyens militaires sous le slogan « un pays riche, une armée forte » (fukoku kyōhei) et « une industrie productive » (shokusan kōgyō). Graduellement, l'armée nippone qui dispose de moyens ad hoc se modernise et désire doter son artillerie légère d’un canon mobile à tir rapide plus performant que son modèle Type 16 de 75 mm (cf. JACAR, cote : C03023035300) équipant l'ensemble de ses régiments d'artillerie. Pour fournir l'équipement moderne nécessaire à sa jeune armée, les étrangers, notamment les Allemands et les Français, furent à nouveau sollicités et utilisés afin d'introduire les nouvelles innovations militaires, innovations qui structureront les conflits du XXe siècle, les expériences nouvelles des combats de la première guerre moderne* européenne, le conflit franco-prussienne de 1870.
*À noter que la guerre de Crimée (1853-1856) délaissée dans l’historiographie française du fait militaire marque un tournant historique et anthropologique majeur dans l’histoire du fait militaire. Elle témoigne de transformations profondes dans la façon de combattre et des stratégies militaires.
Les enjeux – éléments de contexte
– Vendre à l'armée impériale japonaise le fameux canon de 75 mm modèle 1897 à tir rapide. Le meilleur canon de son époque qui lui valut le surnom de « canon du roi ». Tel est le canon en question.
– Conquérir le marché international avec ses productions modernes.
Un grand concours où s’affrontent les principaux fabricants d’armements dans le monde.
Un précieux document du ministère de la Défense du Japon (cf. JACAR, cote : C10061197300) ayant trait à notre album photographique nous éclaire sur la manière dont s’est déroulée, en juin 1897, un grand concours où s’affrontèrent les principaux fabricants privés d’armements dans le monde. Plusieurs firmes avaient répondu à l’appel des autorités japonaises. Les firmes intéressées étaient : Armstrong et Maxim pour l’Angleterre, Schneider-Canet, Darmancier (puis Darmancier & Dalzon) et Hotchkiss pour la France et [Alfred] Krupp pour l’Allemagne.
Les épreuves auxquelles furent soumis les différents modèles de canons débutèrent le mercredi 9 juin 1897 et durèrent vingt-sept jours, à l’exception du dimanche et des jours de pluie. Des personnalités importantes de l’État-major des Armées*, toutes francophiles, telles que les généraux de divisions Ijichi Kōsuke (formé à Saint Cyr), Iguchi Shōugo, Furukawa Yoshinobu et le célèbre général Ariska Nariakira, l’un des plus important concepteurs d’armes au Japon, étaient présentes comme officiers observateurs.
Le capitaine et ingénieur Henri Patart représentait la puissante société Schneider-Canet (« la plus grande usine d'Europe »). Il était secondé par l’ingénieur général de l’armement A. Deguy. Le fameux canon de 75 mm modèle 1897 à tir rapide Schneider-Canet (vingt-cinq coups par minute sans nécessité de re-pointer et une mise en batterie simple) fut présenté aux artilleurs japonais et effectua des tirs dynamiques sur le champ de tir de Shimoshizuhara, situé à Chiba (préfecture de Chiba) proche de la ville de Tōkyō. Les épreuves s’exécutèrent au moyen des quatre pièces de la batterie pointées dans des conditions identiques.
Ordre de passage : Schneider ; Darmancier ; Krupp (présentant un canon de 70 mm et 75 mm) ; Canet.
Un mot sur le canon de montagne de 75 mm. Conçu initialement pour le combat en montagne, le 75 mm, est l'arme qui convient pour accompagner les missions d'explorations. Démontable en trois fardeaux, il peut être transorté sur tous les terrains par tous les modes disponibles : pirogues, animaux ou porteurs.
– JACAR : Japan Center for Asian Historical Records, National Archives of Japan (digital archive provided by National Archives of Japan, the Diplomatic Archives of the Ministry of Foreign Affairs of Japan, and the National Institute for Defense Studies of the Ministry of Defense of Japan).
Les pièces de Type 16 de 75 mm (16 pour la 16e année de règne de l’empereur Meiji, empereur du Japon) ont été adoptées par l’armée impériale japonaise en 1883. Elles commencent à être remplacée à partir de l’année 1898 par les pièces de Type 31 Arisaka de 75 mm (canon [tube en acier, construction modulaire, nouvelles munitions]), mises au point par le lieutenant-général de l’armée impériale Arisaka Nariakira (1852-1915).
*JACAR, cote : C07082231800 ; C07041393000 ; C07050733200.
Comment le corpus est-il structuré ?
Cet album se compose de 40 prises de vue sur papier aristotypes à la gélatine, prises sur le vif qui offrent une impression d’instantané, dans les régions comprises entre Mishima et Hakone.
Un recueil signifiant constitué de deux séries distinctes. Chaque série, folio recto et folio verso, comporte chacune 20 photographies comme suit :
Première série
Grandes manœuvres et pièces d’artilleries : tirs d’essais (télémétrie, pointage puis l'ordre de feu donné par l'officier de tir de la batterie, vitesse initiale, distance, justesse en direction), chef de pièce, artilleurs à pied en tenue d’exercice, servants ou peloton de pièce en uniforme blanc d’été, ceinturon noir avec baïonnette, bottes noires.
– 15 clichés représentent en exercice de tirs le canon de 75 mm de campagne, Schneider-Canet, Type léger sur affût à frein hydropneumatique, sans bouclier façial, modèle 1897.
– 5 clichés représentent en exercice de tirs le canon de 75 mm de montagne, Schneider-Canet, sur affût à frein hydropneumatique, modèle 1897.
Seconde série
Vues d’extérieurs et paysages du Japon : groupes d’hommes en réunion ou en marche, batteries de canons, civils, artilleurs à pied en uniforme bleu-nuit d’automne, bottes noires. Les paysages photographiés sont : Un village (non identifié) sur la route de Mishima à Hakone, ainsi qu'un gîte d'étape sur les rives du lac Ashi. La population locale est informée des conditions d'exercice par la presse régionale.
– 8 clichés représentent le transport du matériel et de l’équipement attelés aux voitures-caissons coffres à munitions dans divers environnements.
– 9 clichés représentent le matériel et de l’équipement attelés aux voitures-caissons à munitions, groupes d’hommes en réunion, batteries de canons, en divers lieux.
– 3 clichés représentent des vues d’extérieures, de sites ainsi que des paysages.
Les tests de mobilité et de résistance pour le transport du matériel et de l’équipement attelés aux voitures-caissons armoires à munitions se sont déroulés du 19 au 24 octobre 1897 dans la région d'Hakone comme suit :
– 19 octobre, départ de Tōkyō arrivée à Mishima.
– 20 octobre, départ de Mishima arrivée à Hakone.
– 21 octobre, séjour à Hakone.
– 22 octobre, départ d'Hakone arrivée à Mishima.
– 23 octobre incident, obstruction du passage près de Mishima.
– 24 octobre, départ de Mishima arrivée à Tōkyō
(Cf. JACAR, cote : C10061199100).
Affectations et mobilisations de l’officier Henri-Louis-Auguste PATART
« Et par sainte Barbe… Vive la Bombarde ! » (le cri de ralliement des artilleurs français).
Résumé des notes particulières administratives (sources BL et SHD).
Services et positions diverses
Capitaine de l’armée active démissionnaire en 1897. Promotion 1884 à l’École polytechnique. Noté comme très instruit, intelligent, travailleur. Ingénieur à la maison Schneider & Cie. Monte à cheval. Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 18 avril 1921.
Services militaires
Sous-lieutenant d’artillerie 1886-1888. Lieutenant d’artillerie 1888-1895. Capitaine d’artillerie 1895-1897. Capitaine de réserve 1897-1906. Mobilisé le 30 juillet 1914. Rappelé du front le 25 septembre 1914 par le ministère de la Guerre pour les fabrications intéressant la défense nationale.
Services civils
Ingénieur aux établissements Schneider & Cie pour missions d’artillerie à l’étranger 1895-1901. Sous-directeur de l’artillerie aux établissements Schneider & Cie de 1901-1906. Directeur des affaires d’Amérique des établissements Schneider & Cie 1906-1908. À la Compagnie des Forges & Aciéries de la Marine et d’Homécourt (ou Forges de Saint Chamond) 1913-1915.
Missions à l’étranger
Japon3 1896-1898. Belgique-Roumanie 1899. Russie 1900. Mexique 1901-1902-1903. Argentine-Uruguay-Brésil 1906-1908. Roumanie 1914. Russie4 1917-1918
Durée totale des services civils et militaires : trente-cinq années.
Détails sur les services extraordinaires rendus par l’officier PATART
L’officier Patart a effectué, depuis 1896, sous la haute direction du ministère des Affaires étrangères et pour le compte des établissements Schneider & Cie et des aciéries de la Marine de nombreuses et importantes missions à l’étranger pour représenter l’industrie de matériels de guerre français dans sa lutte contre l’industrie allemande, en particulier contre la maison Krupp, et a réussi dans la plupart de ces missions à faire triompher l’industrie française.
3 Une note particulière d’un feuillet personnel (dossier militaire Vincennes) en date du premier semestre 1897 nous informe : « Le capitaine Patart après avoir obtenu une première prolongation de congé de six mois, vient pour raison de santé, d’en obtenir une seconde. Il est malade à l’hôpital de Yokohama (Japon). »
BIBLIOGRAPHIE
– Musée de l'Armée Invalides, Trésors du Musée, fiche explicite canon de campagne 75 mm modèle 1897.
– L'Académie François Bourdon, Le Creusot, Archives industrielles de l'entreprise Schneider, ne possède aucun fonds d'archives de cette mission militaro-industrielle au Japon.
– BL [Base Léonore (Légion d’honneur)]. Archives nationale ; site Pierrefitte-sur-Seine : cote 19800035/1179/36474 . Dossier Légion d’honneur d'Henri-Louis-Auguste PATART.
– SHD (Service historique de la Défense) : cote GR 5Ye 148487. Dossier d’archives d'Henri-Louis-Auguste PATART.
– JACAR : Japan Center for Asian Historical Records, National Archives of Japan (digital archive provided by National Archives of Japan, the Diplomatic Archives of the Ministry of Foreign Affairs of Japan, and the National Institute for Defense Studies of the Ministry of Defense of Japan).
Outre ces références, nous disposons des ressources suivantes :
– Claude Beau, Les Schneiders marchands de canons (1870-1914), in Histoire, économie & société, année 1995, 14e année, n°1, pp. 107-131. Un excellent article.
– (Collectif), Dictionnaire historique du Japon, Fascicule VI ; Lettre G, Tōkyō, Librairie Kinokiniya, 1981, pp. 140-142.
– M. C. Curey, capitaine d'Artillerie, L'Artillerie Schneider-Canet à l'Exposition Universelle de 1900, Paris, Berger-Levrault, 1902. Le vade-mecum du canon de 75 mm
– Rotem Kowner, Historical Dictonnary of the Russo-Japanese War, Second édition, New-York, London, Rowman & Littlefeild, 2017. A Historical Dictionary of the Russo-Japanese War that provides considerable breadth and depth of coverage based on Japanese, Russian and Western sources. The breadth is accomplished through a wide-ranging introduction, a detailed chronology and an extensive bibliography. The depth comes in the hundreds of entries on military and political leaders.
– Christian Polak, Sabre et Pinceau par d'autres Français au Japon. 1872-1960, Chambre de Commerce et d'Industrie Française du Japon, Hachette Fujingaho, 2005.
La modernisation de l'Armée et de la Marine impériales par la France sous la plume de l'un des meilleurs spécialistes du sujet et historien des relations franco-japonaises.
Le premier plat ou plat supérieur décoré en laque rouge
Le premier plat en laque rouge sur bois de l’album a été conservé. Sur ce plat est dessiné un paysage japonais avec un prunier dont les fleurs surdimensionnées peintes remplissent une grande partie de la composition picturale. À côté du prunier poussent quelques fleurs et en premier plan, trois grues cendrées (tsuru), dont l’une en vol, un oiseau porte-bonheur et auspicieux par excellence. Au pied de l’arbre coule une rivière. Deux bambous et un tapis de fleurs peint de couleur or qui, comme le prunier, rappelle le style d’Ogata Kōrin (1658-1716). Une décoration sobre et raffinée qui évite le mont Fuji-san généralement omniprésent dans les albums souvenirs de Yōkōhama pour les occidentaux. Les décors floraux sur fond de laque rouge étaient fréquents dans les luxueux albums vendus par le studio K. Tamamura (Tamamura Kozaburo [1856-1923 ?]), qui fut l’un des photographes de Yōkōhama les plus productifs et les plus prospères de son époque.
Guillaume Apollinaire pointant un canon à tir rapide de 75 mm contre un avion.