SUE (Eugène). Les Mystères de Paris
SUE (Eugène).
Les Mystères de Paris
Paris, Librairie de Charles Gosselin, Éditeur de la Bibliothèque d’Élite, [1842]-1843.
[Paris. Imprimé par Béthune et Plon]
10 tomes ou séries en 5 volumes in-8° ; Tome premier et deuxième jusqu’à dixième :
1) – t. I : 1 f. blanc, faux-titre, page de titre portant : Première série, 385 pp., 1 f. non chiffré [Table] ; t. II : faux-titre, page de titre portant : Deuxième série, 313 pp., 1 f. non chiffré [Table], 1 f. blanc.
2) – t. III : 1 f. blanc, faux-titre, page de titre portant : Troisième série, 365 pp., 1 f. non chiffré [Table] ; t. IV : faux-titre, page de titre portant : Quatrième série, 391 pp. y compris la Table (folio verso du dernier feuillet), 1 f. blanc.
3) – t. V : 1 f. blanc, faux-titre, page de titre portant : Cinquième série, 363 pp. y compris la Table (folio verso du dernier feuillet) ; t. VI : faux-titre, page de titre portant : Sixième série, 379 pp. y compris la Table (folio verso du dernier feuillet), 1 f. blanc.
4) – t. VII : 1 f. blanc, faux-titre, page de titre portant : Septième série, 360 pp., 1 f. non chiffré [Table] ; t. VIII : faux-titre, page de titre portant : Huitième série, 363 pp. y compris la Table (folio verso du dernier feuillet), 1 f. blanc.
5) – t. IX : 1 f. blanc, faux-titre, page de titre portant : Neuvième série, 395 pp. y compris la Table (folio verso du dernier feuillet) ; t. X : faux-titre, page de titre portant : Dixième et dernière série, 389 pp. y compris la Table (folio verso du dernier feuillet), 1 f. blanc.
Chaque volume comporte, en plus des faux-titre, page de titre et d’un feuillet de table des chapitres. Le faux-titre portent : « Œuvres complètes de M. Eugène Sue – Les Mystères de Paris ». Au folio verso se trouve le catalogue éditeur ainsi que l’adresse de l’imprimeur. Le faux-titre est relié à chaque nouvelle série.
Les pages de titres portent, comme souvent, une mention fictive d’édition : Cinquième Édition pour les tomes I, III, IV, V, VI, X, Sixième Édition pour le tome II, Troisième Édition pour le tome VII. Les tomes VIII à IX ne portent pas de mention fictive d’édition.
La mention fictive d’édition. Un droit accordé par l'auteur à ses éditeurs qui aspiraient à surfaire le succès, pensaient-ils éphémère, de ses œuvres. Provisoirement, cette pratique trompeuse pour le public profita à Eugène Sue, à Victor Hugo et aux Romantiques qui se sont incarnés dans l’art de la poésie et le roman.
Un demi-veau blond glacé à petits coins en vélin vert, dos lisse joliment orné, filets transversaux dorés et à froid, pièce de titre et de tomaison en maroquin noir, tranches jaunes paille mouchetées, une reliure strictement de l’époque, un bel exemplaire dénué de toute rousseur.
Format bibliographique : 218 x 140 mm
Vendu
BIBLIOGRAPHIE
ÉDITION ORIGINALE RARE. Il n’a pas été tiré de grand papier.
– Clouzot, Guide du Bibliophile Français, p. 260 : « Très rare en bel état et fort recherché. »
– Carteret, Romantique & Moderne, t. II, p. 373. – Vicaire, Manuel de l’Amateur de Livres du XIXe siècle, t. VII, coll. 683.
Un évènement littéraire et social sans précédent
En 1842, Eugène Sue vend dans le Journal des Débats un roman-feuilleton encore à écrire Les Mystères de Paris*. Dans sa chronique, l’auteur propose d’entreprendre une excursion en compagnie d’une prostituée, d’un criminel et d’un prince déguisé en ouvrier, parmi « les naturels de cette race infernale qui peuple les prisons, les bagnes et dont le sang rougit les échafauds. »
Situé dans les bas-fonds parisiens, le roman, riche en action rebondissante, met en scène la pègre, le petit peuple de la capitale aux prises avec la misère qui engendre le crime, et un personnage de bienfaiteur tel que le roman populaire aime à en concevoir : Rodolphe. Il nous enfoncent dans le dédale des ruelles de la Cité, cloaque de la capitale où grouillent, à la nuit tombée, les féroces, les damnés de la civilisation, « forçats libérés, escrocs, voleurs, et assassins », une jungle urbaine, alors ignorée de la bourgeoisie dirigeante.
Le Chourineur, ancien bagnard, la Goualeuse, dite Fleur-de-Marie, prostituée malgré elle, sainte et martyre à la fin, Rodolphe, figure mystérieuse de justicier ; en vérité, grand-duc de Gerolstein en visite dans les bas-fonds parisiens pour expier une faute et rétablir la justice, sans oublier aussi La Chouette et son ex-complice, « Le Maître d’école », deux êtres profondément mauvais. Qui plus est, bien d’autres troublants personnages foisonnent, évoluent et animent cet univers manichéen, qui n’en ressort que plus précieux à nos yeux.
Un succès sans appel
Auprès du public parisien le feuilleton s’arrache, c’est un triomphe, en partie grâce à la narration rapide et orientée du récit, ainsi qu'à la technique littéraire du roman-feuilleton qu’Eugène Sue porte à la perfection. L’œuvre dramatique suscite une adhésion et une frénésie de lecture qui transcende toutes les contradictions sociales. Tous les contemporains d’Eugène Sue ont lu avec passion ces Mystères de Paris qui ont opérés le miracle de réunir dans un même enthousiasme des lecteurs de toutes les couches de la société. Un phénomène littéraire, traduit et adapté dans le monde entier et à l’origine de toute une thématique littéraire. Ce texte demeure le témoignage capital d’une époque, où la « question sociale », l’aggravation des conditions d’existence allait mener aux troubles de la misère et de la faim et aux barricades de l'année 1848.
*Le roman paraîtra dans le Journal des Débats du 19 juin 1942 au 15 octobre 1843.
Jugement et critique
Théophile Gautier
« Tout le monde a dévoré Les Mystères de Paris, même les gens qui ne savent pas lire : ceux-là se les font réciter par quelque portier érudit et de bonne volonté ; les êtres les plus étrangers à toute espèce de littérature connaissent la Goualeuse, le Chourineur, la Chouette, Tortillard et le Maître d’école. Toute la France s'est occupée pendant plus d'un an, des aventures du prince Rodolphe, avant de s'occuper de ses propres affaires. Des malades ont attendu pour mourir la fin des Mystères de Paris ; le magique La suite à demain les entraînait de jour en jour, et la mort comprenait qu'ils ne seraient pas tranquilles dans l'autre monde s'ils ne connaissaient le dénouement de cette bizarre épopée. »
(Histoire de l’art dramatique, 1858-1859, t. III, p. 161-162)