Gustave FLAUBERT. Madame Bovary [1857]
FLAUBERT (Gustave).
Madame Bovary
– Mœurs de Province – par Gustave Flaubert
Paris, Michel Lévy Frères, Libraires-Éditeurs, 1857.
[Typ. de Mme Vve Dondey-Dupré, Rue Saint-Louis, 46]. Adresse imprimée au folio verso du faux titre ainsi qu’en marge inférieure de la dernière page du roman (page 490).
2 tomes en un volume grand in-18° jésus [très souvent incorrectement décrit comme in-12°]; le faux titre, la page de titre et 490 pages, comme suit : I. Première partie comprenant 4 feuillets préliminaires contenant le faux titre, la page de titre, la lettre à M. Sénart, la dédicace à Louis Bouilhet, et 232 pages ; II. Deuxième partie (Suite) comprenant les pages 233 à 490 (faisant suite à la pagination du tome I).
L’exemplaire, de tout premier état, présente les fautes signalées par Auguste Lambiotte. Les exemplaires en grands papiers ne possèdent qu’une page de titre. Les cahiers se composent de 28 signatures numérotées successivement d’un chiffre indo-arabe de 1 à 28. Le nom de l’imprimeur ne figure pas en bas de la page 232; le titre du roman en marge supérieure Madame Bovary n’est pas répété au-dessus de deuxième partie, page 233, et à l’encontre des exemplaires courants, cette page commence à la signature 14.
De premier tirage, comme tous les exemplaires en grand papier, il présente la fameuse faute au nom de Jules Senard (orthographié « Senart ») sur le feuillet de dédicace, que Flaubert, en remerciement du plaidoyer que l'avocat avait prononcé pour la défense de Madame Bovary lors du procès, fit placer en tête des volumes.
UN SUPERBE EXEMPLAIRE QUI RÉUNIT TOUTES LES QUALITÉS RARES POUR UN COLLECTIONNEUR EXIGEANT.
Un demi-maroquin à petit grain vert foncé, à coins, dos relié « à la bradel », à quatre nerfs, à compartiments de filets à froid, orné d’un fleuron doré quatre fois répété, doublure et gardes de papier marbré, tête dorée sur témoins, immaculé, entièrement non rogné, étui cigare en forme de reliure, en plein maroquin vert orné de même signé « DEVAUCHELLE »*.
Un bel exemplaire d’une grande pureté, dénué de toute rousseur et conservé dans son élégante reliure d'époque, sa première reliure.
Exemplaire élégamment relié à l’époque, une condition peu commune.
*Roger Devauchelle. Travail de l'étui confirmé par les descendants de la famille Devauchelle.
Format bibliographique : 195 x 140 mm
Prix sur demande – price on request
BIBLIOGRAPHIE
Édition originale du chef-d’œuvre de Gustave Flaubert, L'UN DES 78 EXEMPLAIRES IMPRIMÉS SUR PAPIER VÉLIN FORT, seuls sur grand papier. Rare de nos jours.
Elle est dédiée à Louis Bouilhet, poète et ami de l’auteur, et à Jules Sénard, défenseur de Gustave Flaubert lors du fameux procès de Madame Bovary de 1857.
L’ouvrage avait d’abord paru en livraisons dans les colonnes de la Revue de Paris du 1er octobre au 15 décembre 1856 à la demande de Léon-Laurent Pichat et de Maxime Du Camp (fondateurs de la Revue de Paris), « Cénacle » de Gustave Flaubert.
L'un des romans majeurs de la littérature française pourvu de provenances aussi prestigieuses que Ludovic HALÉVY, Raoul SIMONSON et le baron Louis de SADELEER; preuve d’une valeur de premier ordre de cet exemplaire.
Cette précieuse édition originale a été placée dans un étui cigare de conservation assorti à la reliure. Une réalisation d'une haute technicité, une facture d’une très grande finesse d'exécution, signée par une main de maître : Roger DEVAUCHELLE.
Quelques mots sur le Maître-Relieur Roger DEVAUCHELLE.
Roger Devauchelle (1915-1993) obtint le titre de « Meilleur Ouvrier de France » en reliure en 1952, en dorure sur cuirs en 1958, ainsi qu'en dorure sur tranches en 1982. Il est l'auteur de la monographie consacrée à la reliure française: La reliure en France de ses origines à nos jours, Paris, Se trouve à Paris chez Jean ROUSSEAU-GIRARD, Libraire-Expert, 1959-1961, 3 volumes in-quarto en feuilles, sous chemise et étui de l’éditeur, œuvre maîtresse, et encore irremplacée.
Précieux exemplaire sur grand papier, provenant des bibliothèques: Ludovic HALÉVY (vignette ex-libris), Raoul SIMONSON (vignette ex-libris), baron Louis de SADELEER (vignette ex-libris).
- Ludovic HALÉVY, homme de lettres (1834-1908). Auteur dramatique, romancier (Académie française). Ludovic Halevy est, par son inspiration comme par son style, le type de l’écrivain parisien.
- Raoul SIMONSON (1896-1965). Libraire, bibliographe et éditeur belge.
- Baron Louis de SADELEER. Président de la Société royale des bibliophiles et iconophiles de Belgique. L'un des plus grands bibliophiles de son temps.
L’exemplaire fut exposé en avril 1954 à Paris à la Fondation Salomon de Rothschild. Présenté par la librairie C. COULET & A. FAURE, Ancienne Librairie L. Conquet et L. Carteret, sise 5, rue Drouot, Paris Xe : « Édition originale. Un des quelques exemplaires sur vélin fort, non rogné, dans une reliure strictement contemporaine. De la Bibliothèque Ludovic Halévy. », in : Catalogue, « Les Richesses de la Librairie Française des origines à nos jours », Préface de M. Julien Cain, Paris, 1954, p. 43.
IMPORTANT
L’exemplaire imprimé sur grand papier de Madame Bovary provenant de la collection Ludovic Halévy fut acheté en mai 1968 par le baron Louis de Sadeleer à la veuve du libraire belge Raoul Simonson par les bons soins du libraire Raymond Degreef, successeur de Raoul Simonson.
Le superbe étui cigare de conservation a été commandé à Roger Devauchelle par le libraire Raoul Simonson.
Ces précieuses informations nous ont été transmises par notre confrère Pascal de Sadeleer. Nous tenons à le remercier ici d’avoir contribué à enrichir cet article.
L'exemplaire est conservé dans sa première reliure. Il est cité et décrit par Auguste Lambiotte dans son recensement des exemplaires en grand papier.
Les exemplaires en grand papier de Madame Bovary
Auguste Lambiotte in : « Les exemplaires en grand papier de Madame Bovary », recense 78 exemplaires sur vélin fort: 50 devaient être mis à la disposition de l’auteur et les autres vendus en librairie. (Le livre et l’estampe, 1957, vol. III, n° 12, pp. 317-334) :
Les exemplaires en grand papier de Madame Bovary
M. Auguste Lambiotte, le distingué Président de la Société des Bibliophiles de Belgique — un chercheur et un savant — a récemment publié dans la Revue de sa Société Le Livre et l’Estampe, un remarquable travail de patiente érudition concernant les premiers exemplaires de Madame Bovary, parus comme on le sait en 1857, et dédicacés par Gustave Flaubert à ses proches et à ses amis.
Extrait du travail du plus haut intérêt pour les flaubertistes de M. Auguste Lambiotte :
Madame Bovary — Michel Lévy frères, 1857
a) Exemplaires sur vélin fort, avec envoi d’auteur.
…………………
b) Exemplaires non dédicacés, sur vélin fort.
Nous n’avons pas trouvé trace d’exemplaire broché. En revanche, les exemplaires reliés sont assez nombreux. Nous citerons successivement les reliures d’époque et les reliures modernes.
1. Exemplaire Ludovic Halévy.
Reliure d’époque en demi-maroquin à petit grain vert foncé, à coins, dos à quatre nerfs, à compartiments de filets à froid, orné d’un fleuron doré quatre fois répété, tête dorée, non rogné, étui en forme de reliure, plein maroquin vert orné de même.
Cet exemplaire porte l’ex-libris de Ludovic Halévy et est entièrement non rogné.
……………………
(Liste Lambiotte. Cliquez sur le lien infra)
Lambiotte les exemplaires en grand papier de Madame Bovary (426.21 Ko)
Il est étonnant, selon Fernand Vanderem, que l’éditeur ait imprimé des exemplaires sur grand papier pour un écrivain débutant, cette faveur étant généralement réservée « aux auteurs tout à fait arrivés ».
Le catalogue Noilly dénombrait 50 exemplaires sur grand papier (mention manuscrite à l’encre sur le feuillet de dédicace à Jules Senard) et broché en un seul tome.
– Louis Carteret, le Trésor du Bibliophile Romantique et Moderne, 1801-1875, t. I, p. 263 : « Comme début, ce fut un coup de maître : Madame Bovary est et restera un chef-d’œuvre de la littérature française ».
– Clouzot, Guide du Bibliophile Français, p. 121 : « En reliure d’époque, chercher une demi-reliure de bonne qualité, ce qui n’est pas aisé. Le faux-titre et le titre du tome II manquent assez souvent ».
– René Descharmes. Flaubert. Sa vie, son caractère et ses idées avant 1857, Paris, Librairie des Amateurs, A. Ferroud, 1909, pp. 529-542.
– Maxime Du Camp, Souvenirs littéraires, Préface de Daniel Oster, Paris, Aubier, 1994, pp. 292-293.
– René Dumesnil & D.-L. Demorest, Bibliographie de Gustave Flaubert, Paris, L. Giraud-Badin, 1937, p. 25 sqq.
– René Dumesnil, Gustave Flaubert, l’homme et l’œuvre, pp. 48, 51, 227 et 309; La publication de Madame Bovary, pp. 31-34, 79-80 et 86-87.
– Auguste Lambiotte in : Le livre et l’estampe, 1957, vol. III, n° 12, pp. 317-334 : « Les exemplaires en grand papier de Madame Bovary », b, n° 1.
– Maurice Nadeau, Gustave Flaubert écrivain, Nouvelle édition revue, Les Lettres Nouvelles Maurice Nadeau, Paris, 1990, p. 121 sqq.
Un remarquable travail de la plume de l’un des plus grands éditeurs français.
– Notre exemplaire fut exposé en avril 1954 à Paris à la Fondation Salomon de Rothschild : Catalogue, « Les Richesses de la Librairie Française des origines à nos jours », Préface de M. Julien Cain, Paris, 1954, p. 43.
– Talvart & Place, Bibliographie des Auteurs Modernes de la Langue Française, t. VI, IA., p. 1.
– Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, t. III, col. 721-723.
– Les travaux des fervents flaubertistes, ainsi que les bibliographies critiques sont considérables. L’édition de base est sans contestation celle de la Bibliothèque de la Pléiade, édition établie et annotée par René Dumesnil et Albert Thibaudet. Œuvres, tome I (Madame Bovary). Chaque œuvre est accompagnée d’une analyse critique, les notes et les textes annexes éclairent la pensée de Gustave Flaubert.
Un coup de maître
Madame Bovary est le premier roman publié de Flaubert. À son retour d'Orient en 1851, il s'enferme dans son cabinet de travail pour forger « un livre sur rien […] qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style ». Il choisit un sujet banal: le suicide d'une femme de province coupable d'adultère et endettée. Madame Bovary, dont la publication est menacée par un procès en 1857, obtient un succès retentissant. Flaubert signe un roman d'une grande modernité, où la psychologie d'Emma Bovary prend le pas sur l'action.
Madame Bovary, l’un des romans majeurs de la littérature française.
Flaubert, 1857
Pour écrire Madame Bovary, Flaubert s’inspire d'un fait-divers rapporté par la presse de l’époque : le suicide d’une jeune bourgeoise mariée à un officier de province. Signe du succès du roman, l’héroïne, Emma, donnera son nom à un comportement, le bovarysme* : un sentiment d'insatisfaction chronique et, son pendant, l'évasion dans les lectures et le rêve. C’est d’abord un succès de scandale. Lors de la publication en 1857, Flaubert et son éditeur sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Ce n’est pas seulement la morale de son époque que Flaubert transgresse, le scandale vient aussi et surtout pour ses contemporains du renouvellement des structures formelles du genre romanesque.
Bibliothèque nationale de France, Les Essentiels, Littérature.
*Le nom familier Bovary est devenu un type commun, une véritable légende littéraire, encore reconnaissable de nos jours.