DANTE Alighieri. La Divina Commedia
La Divine Comédie illustrée ; la grande œuvre de Dante « in picciolissima forma »
En 1525, Pietro Bembo (1470-1547), un esprit universel de la Renaissance, auteur de textes en latin et en italien, en prose et en vers, publie à Venise ses Prose della volgare lingua, établissant la supériorité du toscan sur tout autre dialecte italien. Ce modèle de langue fut adopté par les écrivains italiens et forme aujourd’hui encore la base de la langue nationale.
La clef de voûte de la langue italienne.
Né à Florence, Dante Alighieri (1265-1321) fut le Père de la poésie italienne. Il joua un rôle essentiel dans la formation de la langue italienne sur la base du dialecte toscan, la forme la plus pure de l'italien.
Une œuvre éclatante de poésie et d'une modernité intemporelle
DANTE ALIGHIERI. [La Divina Commedia].
Dante con nvove, et vtili is-positioni. Aggiuntoui di più vna tauola di tutti i vocaboli più degni d’osseruatione, che a i luoghi loro sono dichiarati.
In Lyone [A Lyon], Appresso Guglielmo Rouillio [Chez Guillaume 1er Roville ou Rouville ou Rouillé], 1551. Con Priuilegio del Re per anni cinque.
In-16° ; 644 pp.-6 ff. non ch. de table [Tavola], 1 portrait de Dante, coiffé du divin laurier de Virgile, gravé en médaillon in-texte et 3 jolies vignettes gravées sur bois in-texte pleine page en tête des chapitres « l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis ».
- P. 3 : Al nobile M. Luc Antonio Ridolfi gentil’huomo Fiorentino Guglielmo Rouillio S. [épître daté :] Di Lione il XXV. di Aprile, 1551.
Une pleine basane marron foncé, dos à nerfs joliment orné et chiffré, caissons or, filets or, titre or, filet or et roulette à froid d’encadrement sur les plats, reliure du XIXe siècle, UN BEL EXEMPLAIRE.
Format bibliographique : 120 x 70 mm
Vendu
I - BIBLIOGRAPHIE
« Jolie édition dont les exemplaires bien conditionnés sont rares et recherchés » (Brunet, t. II, col. 503).
« Très joli exemplaire d’une très jolie édition. » (Nodier, Description raisonnée d’une jolie collection de livres, n° 652, p. 260).
Aimé VINGTRINIER, Histoire de l'Imprimerie à Lyon…, Lyon, Adrien Storck, 1894, p. 230.
DANTE IMPRIMÉ À LYON EN ITALIEN
Première et charmante édition de Dante imprimée en caractères italiques et en langue italienne par Guillaume 1er Rouillé ou Roville à Lyon en 1551, le plus savant et influent des éditeurs humanistes en France. Cette même édition qui connu un grand succès après des lecteurs sera réimprimée en 1552 ainsi qu’en 1571 et 1575 au même format maniable in-seize avec les mêmes illustrations. Pour le texte, Rouillé, a reproduit la seconde édition Aldine* de 1515 imprimée à Venise (Renouard, Annales de l’Imprimerie des Alde, n° 8, p. 73).
*Ce fut grâce à l’amitié entre Alde Manuce et l’imprimeur vénitien Carlo Bembo (qui finança la Commedia), et du frère Pietro Bembo, cardinal humaniste et historiographe de Venise, que Carlo, fournit les manuscrits de Dante et de Pétrarque aux presses Aldines.
Cette édition est illustrée d’un titre orné d’un joli cartouche renfermant le mot Dante, de la marque typographique de Guillaume Rouillé, d’un portrait de Dante en médaillon et de trois vignettes gravées sur bois à pleine page représentant Dante et Virgile dans l’Enfer, au Purgatoire et au Paradis.
Corrections et soulignures à la plume, encre brune, de l’époque présentes en marges tout au long du texte. Il s’agit d’un rare exemplaire de travail d'un étudiant ou d'un érudit. On sait que Guillaume Roville ou Rouillé sut s’entourer d’une foule d’auteurs, de typographes, de correcteurs et de graveurs habiles, érudits italiens venus le plus souvent de Rome, Florence ou de Venise.
En 1551, Roville publia son édition de Dante afin de concurrencer celle de Scève et de De Tournes publiée à Lyon en 1547, avec une dédicace à son ami lettré et savant conseillé pour les livres italiens (plus précisément les éditions des « tre lumi » de Toscane ; Boccace, Dante et Pétrarque), Lucantonio Ridolfi. Cette publication, avec le commentaire de Vellutello, connut un certain succès à en juger par les trois autres éditions de même petit format qui suivirent (supra).
« Cette petite suite de 3 vignettes gravées sur bois pour l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis est une copie réduite, dessinée par [le maître archaïsant] Pierre Eskreich dit [Pierre] Vase, [d’origine germanique] de 3 des 87 bois ombrés de l’édition publiée à Venise par Francesco Marcolini, en juin 1544, pour le format in-4°. » (Baudrier, Bibliographie Lyonnaise, t. IX, p. 187).
En ce milieu du XVIe siècle, plus que jamais Lyon montre sa réceptivité à la double influence italienne et germanique.
II - PUBLICATIONS & BIBLIOGRAPHIES
- Adams, Catalogue of Books Printed (…) 1501-1600 in Cambridge Libraries, t. I, n° 98, p. 337.
- Baudrier, Bibliographie Lyonnaise, t. IX, p. 186.
- Bayerische StaatsBibliothek, 856533 Res/P. o. it. 330.
- Bibliothèque Mazarine, 8° 21856.
- Nicole Bingen, Le Maître italien (1510-1560). Bibliographie des ouvrages d’enseignement de la langue italienne destinés au public de langue française, Bruxelle, Émile Van Balberghe, p. 267.
- Robert Brun, Le Livre Français illustré de la Renaissance, p. 166.
- The British Museum, 1071 6 30.
- Brunet, t. II, col. 503.
- Clément & Incardona, L’émergence littéraire des femmes à Lyon à la Renaissance 1520-1560, Richard Cooper, p. 39, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2008.
- Davies, Catalogue of a Collection of Early French Books, Fairfax Murray, t. I, n° 109, p. 112.
- Graesse, Trésor de Livres Rares et Précieux, t. II, p. 329.
- Koch, I, p. 8.
- Mambelli, Gli Annali delle Edizioni Dantesche, n° 34, p. 46.
- Olschki, Catalogue L, Livres à Figures des XVe et XVIe siècle, n° 1117, p. 516.
- Picot, Les Français italianisants au XVIe siècle, t. I, p. 195.
- Witte, Quando e da chi sia composto l’Ottimo comento Dante, Bibliografia Dantesca, Lipsia [Leipzig], Barth, 1847, p. 31.
« La diffusion de la langue italienne en-dehors de son territoire a commencé lors des guerres d'Italie. Mais c'est en France qu'elle a connu son plus grand développement, dans la seconde moitié du XVIe siècle et la première moitié du XVIIe. Cette langue, qu'au juste on ne savait comment appeler (italien, toscan ou florentin?), fut ainsi la première langue étrangère apprise par les nobles et les lettrés français. » (Nicole Bingen, Le Maître italien, 1510-1660…, Bruxelle, Émile Van Balberghe, 1987).
La Respublica literaria
« Le libraire lyonnais Guillaume Rouillé poursuivit avec un véritable professionnalisme et une tout autre compétence le projet italianisant de Maurice Scève et Jean de Tournes, éditeurs de Dante et de Pétrarque. Il bénéficia du concours d’un véritable osservatore della lingua toscana, un personnage considérable, qui unissait les prestiges de la naissance et la richesse aux compétences du lettré, Lucantonio Ridolfi. Celui-ci offrit à Rouillé, en premier lieu un concours savant, procurant des textes bien établis, « non restando mai di giovarmi fino a proccacciarmi col mezzo de’vostri amici i testi corretti », et lui fournissant un programme éditorial, à savoir précisément Dante, Pétrarque et Boccace, qu’il éclairait de ses propres remarques érudites, annotations, commentaires ou index composés dans sa jeunesse ou fruit des échanges savants qu’il entretenait avec ses compatriotes. Son exemplaire annoté de Pétrarque (Venise, 1525) est conservé à la Bibliothèque Ambrosienne. Ridolfi eut en outre une influence décisive dans le choix des éditions italiennes en petit format, et il contribuait notablement aux investissements financiers de ces éditions ; en 1579 encore, sa banque se portait caution de Rouillé pour les sommes que le libraire devait à certains libraires de Naples. Ridolfi patronnait les initiatives italiennes du libraire, ainsi que l’attestent les témoignages de gratitude et les termes hyperboliques employés dans les épîtres liminaires, qui vont bien au-delà des conventions du genre:Voi mi sapesti già cosi bene, Signor mio osservandissimo, persuadere che io mi dovessi provare di stampare libri in vulgare Italiano […] dapoi che mi confortasti à seguitare l’impressa, rimostrandomi come havevo magior commodità par ciò fare.
Rouillé publia ainsi dès 1551 la Commedia de Dante « in picciola forma », dédiée à Rodolfi, d’une qualité typographique et philologique qui surpassait largement la médiocre édition de Scève et De Tournes, en 1555, le Decamerone de Boccace, « con nuovi e bei caratteri in picciolissima forma ». En 1557, Ridolfi complétait son édition du Decamerone par un Ragionamento havuto in Lione, mettant en scène deux interlocuteurs, probablement des personnages fictifs, un certain Claude de Herberay et Alessandro degli Uberti, qui débattaient de certains « luoghi del Cento Novelle » et de questions portant sur la langue des trois grands auteurs toscans. Le dialogue servait dans une polémique italienne contre Ruscelli, et il suscita une réplique du Dubbioso Accademico, Castelvetro, adressée à Francesco Giuntini. » (Fondation Barbier-Mueller pour l'étude de la poésie italienne de la Renaissance).
Lucantonio RIDOLFI
Issu d’une illustre famille florentine alliée aux Strozzi et à Catherine de Médicis, Lucantonio Ridolfi était né le 17 octobre 1510, deuxième des huit enfants du gonfalonier Giovanni Francesco Ridolfi, de la branche des Ridolfi di Piazza, et de Camilla di Pier Francesco Pandolfini. Sur le personnage, voir E. Guidicci, « Lucantonio Ridolfi et la renaissance franco-italienne », Quaderni di filologia e lingue romanze, nouvelle série, t. I, 1985, pp. 111-150.
« Dante Alighieri, le plus grand poète de l’Italie et l’un des plus grands des temps anciens et modernes. Avec la Divine Comédie, il a donné aux Italiens et à l’humanité entière une œuvre éclatante de poésie, emplie de tout l’idéal de la civilisation chrétienne. » (Cf. Le Nouveau Dictionnaire des Auteurs, p. 807).