André MALRAUX. La Condition humaine

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MALRAUX (André).

La Condition humaine

Paris, Édition De La Nouvelle Revue Française, 1933.

[Paris, Librairie Gallimard, 1933.]

Les Éditions De La Nouvelle Revue Française (mai 1911- juillet 1919), la ligne de cœur de la littérature française, ont été créées en mai 1911 sous l’impulsion de six écrivains dont André Gide en chef de file. La mention Édition De La Nouvelle Revue Française ne disparaît pas pour autant l’année 1919, elle continue de figurer sur les couvertures des livres publiés jusqu’en 1941, concurremment aux couvertures de la « Blanche », collection de littérature et de critiques françaises de la Librairie Gallimard. À partir de 1931, y paraissent des tirages de tête.


Format réimposé in-quarto tellière ; 404 pp. y compris le faux-titre et la page de titre.


Un travail de reliure « Haute Couture du livre » signé du Maître-Relieur Vladimir TCHÉKÉROUL.

Un plein maroquin janséniste bleu-nuit, gardes intérieures triplées (un luxe peu courant) de maroquin bleu, garde de soie bleue et de papier à la colle de couleur jaune safran avec rehauts d’or assorti aux gardes, papier réalisé par Vladimir TCHÉKÉROUL, couverture et dos de l’éditeur conservé, dos lisse chiffré en pied, titre or poussé au dos, coiffe guillochée, un filet or sur les coupes, tranches dorées, un étui bordé de maroquin garni du même papier, une chemise à bandes rempliées assortie, une reliure d’époque, une facture d’une très grande finesse signée « TCHÉKÉROUL », UN EXEMPLAIRE À L’ÉTAT NEUF.


Format bibliographique : 210 x 160 mm


Vendu


BIBLIOGRAPHIE

CETTE ÉDITION ORIGINALE COMPTE PARMI LES PLUS RECHERCHÉES DE LA LITTÉRATURE DU XXe SIÈCLE.

L’UN DES RARISSIMES 39 EXEMPLAIRES RÉIMPOSÉS EN FORMAT IN-4°, PREMIER GRAND PAPIER NUMÉROTÉ (N° XXVIII), ET RELIÉ EN PLEIN MAROQUIN JANSÉNISTE BLEU-NUIT (CHEMISE-ÉTUI) PAR LE MAÎTRE-RELIEUR VLADIMIR TCHÉKÉROUL, l’un des deux ou trois plus grands relieurs de son époque, un travail d’une maîtrise parfaite.

Tirage : 39 exemplaires réimposés dans le format in-quarto tellière, sur papier vergé pur fil Lafuma-Navarre au filigrane n. r. f., dont neuf hors commerce marqués de A à I, et trente destinés aux Bibliophiles de la Nouvelle Revue Française, numérotés de I à XXX, et un exemplaire sur Chine dans le format in-quarto tellière, marqué J.

L’un des titres réimposés in-quarto tellière du catalogue de LA NRF les plus rares et les plus recherchés.


– Catalogue BnF, En Français dans le texte, 1990, n° 369, p. 335 ; – Talvart & Place, Bibliographie des Auteurs Modernes de la Langue Française, t. XIII, 5A, p. 178.

– Catalogue de l'exposition rétrospective autour de Vladimimir Tchéckéroul, Bruxelles 1993 : Hommage à Vladimir Tchékéroul, 1899-1992 : Reliures, Bruxelles, Musée Charlier, du 28 octobre au 24 novembre 1993. Exposition réalisée par Marianne Delvaulx-Diercxsens et Pierre Mouriau de Meulenacker.

À retenir également parmi les essais ou livres à consulter avec profit : Gaëtan PICON, André Malraux, Paris, Gallimard, 1945 [réédition : Paris, Seuil, 1996].
Étude consacrée à La Condition humaine en 1934. D’emblée reconnue par André Malraux comme l’une des rares études intelligentes qui lui furent consacrées, elle inaugure un dialogue au long cours entre le jeune critique et l’écrivain, porté sur des aspects intellectuels, esthétiques et idéologiques.



Le trentième prix Goncourt : M. André Malraux

Prix Goncourt de l’année 1933. 

Élu au 4e tour du scrutin par 5 voix contre 3 voix à Charles Braibant, pour Le Roi dort, une voix à René Béhaine, pour La Solitude et le silence, et une voix à Paul Nizan, pour Antoine Bloyé.
Il y 87 ans, les jurés du prix Goncourt, récompensaient l’écrivain français au talent déjà confirmé, André Malraux, âgé de trente-deux ans, pour son livre La Condition humaine, paru chez Gallimard, une œuvre puissante, importante dans la littérature française et d’une beauté particulière. Avec ce livre essentiel, André Malraux devient un personnage public.

Du côté de chez Drouant…

« Cette fois Gaston est décidé à faire gagner son poulain. […] Cette année sera son année, il le sent, car Malraux, 32 ans, lui a mitonné un grand roman susceptible d’impressionner le Goncourt. Tout y est : l’exotisme (la Chine), l’intensité dramatique (la révolution en marche contre Tchang Kaï-chek), la réflexion morale (l’homme ne peut dépasser son destin ni échapper à sa condition), l’engagement politique (l’activisme communiste), les grands idéaux… […] Le roman de Paul Nizan, Antoine Bloyé, vite écarté, restent Charles Braibant et André Malraux. Cinq voix chacun. La double voix du président fait la différence. » (Pierre Assouline, Du côté de chez Drouant, cent dix ans de vie littéraire chez les Goncourt, Paris Gallimard, 2013).


La Condition humaine, un livre essentiel. Le roman qui marque l'interrogation de l'universalité humaine de condition.

La Condition humaine, troisième et dernier volet du cycle d’Extrême-Orient, une trilogie asiatique. Le Grand œuvre des romans d’André Malraux, l’un des maîtres livres de la génération de 1920. L’insolite et puissante écriture de La Condition humaine se développe sur deux schémas : le récit événementiel écrit à la troisième personne, entrecoupé de dialogues rapides et la dimension métaphysique : méditation sur le Destin, le courant de la conscience sous l’effet d’une vision tragique de la condition humaine (« L’homme ne peut dépasser son destin ni échapper à sa condition »), la question fondamentale : qu’est-ce que l’existence du Monde ? Dès lors, la question essentielle : « … que faire d’une âme s’il n’y a ni Dieu, ni Christ ? ». La mort transforme la vie en destin, a-t-il écrit. La variété du discours de Malraux dans La Condition… (amalgama, notes de voyages, fiction, action politique, réflexions métaphysiques [comprendre d’un point de vue supérieur], préoccupations spirituelles) met en jeu tous les procédés de l’écriture, exercice rare et difficile pour un écrivain. Malraux lié à l’avant-garde des années 20 ? Malraux anticipe le roman engagé. Son œuvre elle-même paraissait prophétique dans les années 30, un univers nouveau pour le public ; les mots « sésame », les mots-clés : la Mort, l’Aventure, la Révolte, autant de notions examinées dans ce récit et c’est le jeune romancier Malraux intimement lié à l'Histoire qui les avait prononcés plusieurs décennies avant Sartre, Camus et Simone de Beauvoir. Évolution historique de la littérature ? André Malraux est celui qui a essayé de penser, pensée dialectique, la totalité de l’espace humain.

Avec cette œuvre hautement littéraire, puissante et d’une beauté particulière, Malraux ne s’est pas contenté de tourner définitivement le dos aux communistes* ; il a mis un point final, un grandissime point, à son œuvre romanesque, mais dans l’ordre de la création littéraire tout était encore possible avec un tel homme !

*Précisons à dessein qu'André Malraux n'a jamais eu un langage stalinien.



Un enfant précoce, l’écolier sans diplômes de Bondy.

André MALRAUX fut un intellectuel de premier plan. Un auteur de grande envergure, un essayiste au regard intelligent, un homme insaisissable, un homme aux multiples visages, composé d’une âme orientale. Il fut l’un des destins les plus flamboyants du vingtième siècle. Aventureux rimbaldien, éditeur artistique et scientifique chez Gallimard, bibliophile éclairé, grand amateur d'art, le premier et le plus grand ministre d’État chargé des Affaires culturelles de la France, nommé par le président de la République Charles de Gaulle, le grand orateur de l'État que l’on connaît, et l’homme mystérieux en privé, insaisissable dans sa manière de vivre, d'aimer, d’écrire et de publier dans l’urgence. Une figure dominatrice, un aventurier dont personne n’envisageait alors l’éclatant destin politique et littéraire. Vertige des mots, vertige de la vie, mais quel chemin formidable Monsieur Malraux !


Les bonnes feuilles

« À côté, Valérie était couchée. Bien qu’elle fût sa maîtresse depuis une semaine, il n’avait jamais prétendu l’aimer : elle eût souri, d’une insolente complicité. Elle non plus ne lui avait rien dit, pour la même raison peut-être. Les obstacles dont sa vie présente était faite le chassaient dans l’érotisme, non dans l’amour. Il savait qu’il n’était plus jeune, et s’efforçait de se persuader que sa légende y suppléait. Il était Ferral, et il connaissait les femmes. Si bien, en effet, qu’il ne croyait pas un mot de ce qu’il racontait. Il se souvenait d’un de ses amis, infirme intelligent, à qui il avait envié des maîtresses. Un jour qu’à son sujet il interrogeait Valérie : « Il n’y a rien de plus prenant chez un homme que l’union de la force et de la faiblesse », lui avait-elle dit. Persuadé qu’aucun être ne s’explique par sa vie, il retenait cette phrase plus que tout ce qu’elle lui avait confié de la sienne.
Cette grande couturière riche n’était pas vénale (pas encore, du moins). Elle affirmait que l’érotisme de beaucoup de femmes consistait à se mettre nues devant un homme choisi, et ne jouait pleinement qu’une fois. Pensait-elle à elle-même ? C’était pourtant la troisième fois qu’elle couchait avec lui. Il sentait en elle un orgueil semblable au sien. « Les hommes ont des voyages, les femmes ont des amants », avait-elle dit la veille. Lui plaisait-il, comme à beaucoup de femmes, par le contraste entre sa dureté et les prévenances qu’il lui montrait ? Il n’ignorait pas qu’il engageait dans ce jeu son orgueil, — l’essentiel de sa vie. Ce n’était pas sans danger avec une partenaire qui disait : « Aucun homme ne peut parler des femmes, cher, parce qu’aucun homme ne comprend que tout nouveau maquillage, toute nouvelle robe, tout nouvel amant, proposent une nouvelle âme… », — avec le sourire nécessaire. (Deuxième partie, pp. 136-137).


Sous la plume de Jean GUÉHENNO

La Condition humaine

« Si toute condition humaine n'est pas renfermée dans ces pages, du moins est-il certain qu'elle ne cesse pas d'y être en question, et si tragiquement, si profondément que le livre se trouve encore accordé par ses accents aux peines les plus lourdes et aux plus grandes souffrances. C'est un sûr gage de son exceptionnelle valeur. [...] La plus grande beauté du livre – et je ne dis rien de l'intensité de certaines descriptions ou de certaines scènes qui appellent l'image de reproduction cinématographique – est dans quelques conversations terriblement lucides au cours desquelles les personnages, haussés au-dessus d'eux-mêmes par l'événement, livrent tout leur secret. C'est là qu'il faut chercher l'esprit de l'œuvre, la définition qu'on peut tirer de notre condition. Nous sommes seuls, d'une solitude que rien ne peut guérir, contre laquelle nous ne cessons pas de lutter. » (Quatrième de couverture, Collection Blanche, Édition Gallimard).

Jean GUÉHENNO, professeur en Khâgne, brillant écrivain, journaliste, critique littéraire, est l'auteur d'un profond et émouvant récit, passage d'une vie subie à une vie dominée, au prix de nombreuses luttes, que nous vous conseillons vivement à nos lecteurs de lire : Changer la vie, mon enfance et ma jeunesse (Paris, Bernard Grasset, Les Cahiers Rouges, 1961).

« Changer la vie des hommes, c'est les arracher à la misère et, par la culture, les amener à la conscience. Changer la vie devrait, pour chacun, commencer par une révolution intérieure. ». La chute dans un monde de pauvreté où l'on n'a même plus le temps du rêve, et enfin la découverte de la pensée, qui libère, et de la beauté, qui sauve.