Albert CAMUS. L'Homme révolté
CAMUS (Albert).
L'Homme révolté
Paris, Édition Gallimard, 1951.
In-16° double couronne ; 382 pp.
Un plein maroquin noir bordé à composition géométrique, plats incrustés de parchemin ivoire en trapèze (représentation en perspective cavalière d’un semis d’étoiles imbriquées de veau noir sur parchemin ivoire), filets dorés, dos lisse, titre or, tête dorée, doublure et garde de papier rouge, jaquette en rhodoïd, un étui bordé noir, un exemplaire à l'état neuf.
« Maroquin encadré noir, plat incrusté de parchemin en trapèze. Composition géométrique d’étoiles imbriquées de veau noir, doublure et garde de papier. Photographie n° 124 » (fiche manuscrite établie par Pierre-Lucien Martin en 1955, décrivant la reliure de l’ouvrage présenté ci-dessus. Fonds Bibliotheca Wittockiana, Archives Pierre-Lucien Martin).
Vendu
Format bibliographique : 190 x 128 mm
BIBLIOGRAPHIE
L’un des rarissimes exemplaires Hors Commerce (5 au total) imprimés sur papier de Hollande Van Gelder (premier grand papier qui se vendait 7 000 fr.).
Celui-ci un exemplaire de Chapelle ou exemplaire de main passe (tirage supérieur à celui prévu pour la commercialisation. Exemplaires tirés en petits nombres non numérotés ou marqués H. C. [Hors Commerce] que l’éditeur destine à ses collaborateurs, ainsi qu’à l’auteur et à ses proches).
« L’Homme Révolté » : Un essai philosophique majeur qui exalte les vertus d’une révolte créatrice. « C’est un livre qui a fait beaucoup de bruit mais qui m’a valu plus d’ennemis que d’amis. (…) Parmi mes livres, c’est celui auquel je tiens le plus… » écrira Albert Camus. Publié en 1951, quatre années après la « La Peste », en pleine période de maturité tourmentée ou cycle de la révolte (1940-1960), cet essai philosophique, dès sa parution, lui vaudra beaucoup d’inimitiés et suscitera de violentes polémiques dans le monde intellectuel français majoritairement d'extrême gauche (le sociologue communiste Pierre Bourdieu sera d’un grand mépris à l’égard de cet essai), notamment chez les surréalistes — André Breton en chef de file —, controverse poursuivie dans la publication du périodique surréaliste La Révolte sur mesure La Rue.
Ce sera le livre de la rupture idéologique, publique et définitive entre Sartre et Camus. Seul le philosophe Paul Ricœur soutiendra publiquement « L’Homme Révolté ».
« Je me révolte, donc nous sommes ». Concilier la révolte et la mesure. Dans cet essai sur la lutte sociale et politique, le plus important quant à ses prises de positions, Camus analyse l’esprit de révolte, la tragédie, au point de vue historique et philosophique, à travers des portraits d’individus révoltés : Sade, Lautréamont, Bakounine, les anarchistes russes (la révolution russe est clairement mise en cause dans cet essai), Dostoïevski… et nous révèle ainsi l’évidence de l’émergence d’un nouveau cogito [ergo sum].
Cet essai est avant tout un travail de recherche sur l'histoire et les formes de la révolte. Il est divisé en cinq chapitres, L'Homme révolté (introduction), La Révolte métaphysique, La Révolte historique, Révolte et art et La Pensée de Midi, chacun (excepté l'introduction) étant divisé en articles.
Quelques mots sur Pierre-Lucien Martin, maître-relieur de réputation internationale.
UN GRAND MAÎTRE-RELIEUR. Pierre-Lucien Martin (1913-1985), relieur rue Saint-André-des-Arts à Paris (…). En 1945, apparurent ses premières reliures de bibliophiles ; il se vit décerner le Prix de la « Reliure originale » en 1848. Il participa ensuite à de nombreuses expositions en France et à l’étranger et ses reliures furent à chaque fois très admirées car, en dehors de la perfection technique de leur exécution, ses décors sont des exemples parfaits de compositions géométriques. Au fil des années, ses talents de décorateur s’affirmant et sa clientèle devenant plus nombreuse, il dut abandonner l’exécution qu’il confia à de véritables maîtres du métier, notamment Constant Dreneau pour la reliure et Guy Raphaël pour la dorure, pour se consacrer entièrement à la recherche décorative. Sa préférence allant à la littérature contemporaine, la plupart de ses reliures s’appliquent donc à des œuvres modernes. Son imagination créatrice nous a valu tour à tour des décors en trompe-l’œil, qui donnent une impression d’ouverture, des décors de perspective, des recherches à partir de la lettre utilisée comme base de composition, des reliures à caissons, des décors à effets d’optique, etc. réalisés le plus souvent avec des mosaïques utilisant des oppositions de teintes claires et foncées. Le raffinement de son choix de couleurs est remarquable. Certaines de ses compositions ont été taxées de sévères dans leurs lignes et dans leurs couleurs. Cette sévérité, ou plutôt cette sobriété, qui est la marque de la pureté des formes et de la parfaite connaissance du chromatisme, montre le goût très sûr et l’ingéniosité de Pierre-Lucien Martin. (Flety, Dictionnaire des Relieurs Français, p. 122)